Rapport de la commission relatif à l’examen du Projet de Budget 2023 du Ministère de la Femme, de la Famille et de la Protection des Enfants

Monsieur le Président, Madame, Messieurs les Ministres, Chers Collègues, Le projet de budget 2023 du Ministère de la Femme, de la Famille et de la Protection des Enfants est arrêté à 30 789 749 087 FCFA en Autorisations d’Engagement (AE) et en Crédits de Paiement (CP).
Par programme, ce projet de budget est réparti comme suit :
Programme 2098 : Famille et Genre
Pour l’exercice 2023, les crédits de paiement de ce programme sont arrêtés à 11 526 367 570 FCFA en AE et en CP.
Par nature économique des dépenses, les crédits dudit programme sont répartis comme suit :
- Dépenses de Personnel : 152 478 240 FCFA en AE et en CP ;
- Acquisition de biens et services : 433 926 128 FCFA en AE et en CP ;
- Transferts courants : 477 498 400 FCFA en AE et en CP ;
- Investissements exécutés par l’État : 10 462 464 802 FCFA en AE et en CP.
Programme 2101 : Enfance
Pour l’exercice 2023, les crédits de paiement de ce programme sont arrêtés à 15 171 255 238 FCFA en AE et en CP.
Par nature économique des dépenses, les crédits de ce programme sont répartis comme suit :
- Dépenses de Personnel : 118 717 000 FCFA en AE et en CP ;
- Acquisition de biens et services : 269 934 089 FCFA en AE et en CP ;
- Transferts courants : 2 714 461 012 FCFA en AE et en CP ;
- investissements exécutés par l’État : 12 068 143 137 FCFA en AE et en CP.
Programme 2110 : Autonomie économique des femmes
Pour l’exercice 2023, les crédits de paiement de ce programme sont arrêtés à 2 980 761 382 FCFA en AE et en CP.
Par nature économique des dépenses, les crédits dudit programme sont répartis comme suit :
- Dépenses de Personnel : 220 636 000 FCFA en AE et en CP ;
- Acquisition de biens et services : 130 125 382 FCFA en AE et en CP ;
- Transferts courants : 1 400 000 000 FCFA en AE et en CP ;
- Investissements exécutés par l’État : 1 230 000 000 FCFA en AE et en CP.
Programme 1023 : Pilotage, Gestion et Coordination administrative
Pour l’exercice 2023, les crédits de paiement de ce programme sont arrêtés à 1 111 364 897 FCFA en AE et en CP.
Par nature économique des dépenses, les crédits de ce programme sont répartis comme suit :
- Dépenses de Personnel : 412 632 504 FCFA en AE et en CP ;
- Acquisition de biens et services : 387 841 633 FCFA en AE et en CP ;
- Investissements exécutés par l’État : 310 890 760 FCFA en AE et en CP.
Votre Commission des Finances et du Contrôle budgétaire, élargie à la Commission de la Santé, de la Population, des Affaires sociales et de la Solidarité nationale, s’est réunie le samedi 5 novembre 2022, sous la présidence de Monsieur Seydou DIOUF, à l’effet d’examiner le projet de budget 2023 du Ministère de la Femme, de la Famille et de la Protection des Enfants.
Le Gouvernement était représenté par Madame Fatou DIANE, Ministre de la Femme, de la Famille et de la Protection des Enfants, Monsieur Mamadou Moustapha BA, Ministre des Finances et du Budget, et Monsieur Samba SY, Ministre chargé du Travail, du Dialogue social et des Relations avec les Institutions, assistés de leurs principaux collaborateurs.
Ouvrant la séance, le Président a souhaité la bienvenue aux membres du Gouvernement ainsi qu’à leurs collaborateurs, tout en leur adressant ses vœux de réussite dans l’accomplissement de leur mission.
Il a ensuite donné la parole à Madame Sira NDIAYE, Présidente de la Commission de la Santé, de la Population, des Affaires sociales et de la Solidarité nationale, qui, après des mots de félicitations et d’encouragements, a invité la Ministre à présenter le projet de budget de son département.
Prenant la parole, la Ministre s’est réjouie d’être présente devant la Représentation nationale pour défendre le projet de budget 2023 de son département.
Dans ce cadre, elle dira que ce projet traduit la volonté du Gouvernement de mettre en œuvre des politiques de promotion des conditions de vie des femmes, de réduction des inégalités sociales et de protection des droits fondamentaux des femmes et des enfants.
Dans sa présentation, la Ministre a rappelé les attributions de son département, décrit les objectifs et actions des différents programmes budgétaires susmentionnés, énuméré les principales réalisations de l’année 2021 et celle en cours, avant d’annoncer les perspectives pour l’exercice 2023. Ces différents points d’intervention de la Ministre sont détaillés dans le document qu’elle a transmis aux Députés.
Prenant la parole à sa suite, vos Commissaires ont d’abord adressé leurs sincères félicitations et encouragements à la Ministre et ont ensuite formulé les préoccupations et observations ci-après.
Vos Commissaires ont d’emblée salué les constructions des Centres départementaux d'Assistance et de Formation pour la Femme (CEDAF) ainsi que les autres efforts consentis par le département, notamment, dans le cadre de la Journée de la Femme. Aussi, ils ont salué le démarrage des travaux de construction de la maison de la femme de Linguère et les réalisations dans ce sens dans les départements de Pikine et de Koumpentoum. En conséquence, ils ont exhorté la Ministre à poursuivre de telles actions. D’ailleurs, il a été sollicité la construction et l’équipement de cases-foyers de femmes dans les départements de Kolda et de Kaolack.
Également, un meilleur accompagnement de la Maison de la Femme de Vélingara construite à hauteur de 49 millions de FCFA, a été souhaité.
Vos Commissaires ont aussi demandé la construction et l’équipement de CEDAF à Ross Béthio et Keur Massar, la dotation d’un véhicule au CEDAF de Kolda et l’accompagnement de celui de Tivaoune. De même, la dotation du CEDAF de Nioro en matériels et en ressources humaines, ainsi que l’inauguration du CEDAF de Kaffrine, ont été souhaitées.
Dans ce cadre, vos Commisaires ont invité la Ministre à adopter une démarche inclusive et participative, en impliquant les comités communaux et départementaux ainsi que les exécutifs locaux. D’une manière générale, il a été suggéré une synergie avec les autres ministères comme celui chargé des Collectivités territoriales.
À ce niveau, la Ministre a été toutefois interpellée sur les chevauchements entre son département et les autres ministères intervenant dans le secteur de la Femme et de l’Enfant.
Par ailleurs, des Commissaires ont recommandé la création d’unités industrielles et de presses à huile, la dotation en matériels d’allègement des travaux ménagers et l’accompagnement des femmes pour la certification de leurs produits. À ce propos, il a été sollicité la mise en place d’unités de conservation de légumes à Goudomp, ainsi qu’un appui aux femmes opératrices économiques de Cambérène.
En outre, il a été demandé la dotation d’une bourse de Bourse de Sécurité familiale à toutes les femmes nécessiteuses et le financement des autres femmes à la base, notamment à Diourbel.
Vos Vommissaires ont en outre demandé la construction de maisons de la femme à Linguère et à Keur Moussa ainsi que l’accompagnement des foyers pour femmes dans le département de Tivaoune.
De même, vos ils ont recommandé l’autonomisation des femmes à mobilité réduite et l’assistance de celles qui sont dans les liens de la détention.
Par ailleurs, ils ont déploré les violences conjugales et les meurtres de femmes. Ainsi, il a été suggéré la mise en place d’un numéro vert pour la dénonciation de ces pratiques.
Vos Commissaires ont aussi demandé la construction de logements sociaux en faveur des familles les plus démunies ainsi que l’accès des entrepreneurs et fournisseurs féminins aux marchés publics.
En outre il a été sollicité, au niveau du département de Foundiougne, un accompagnement des femmes dans leurs activités de cueillette de produits halieutiques, tout comme des tracteurs pour les femmes du département de Goudomp qui sont dans des projets rizicoles. Le besoin en moulins à mil a aussi été relevé pour les femmes de Nguéniène et Rao.
Un soutien en financement a aussi été demandé pour les femmes des départements de Tivaouane et de Médina Yoro Foula et en unités de transformation au profit des femmes du département de Koumpentoum,
De plus, il a été suggéré la formation et le financement des femmes du département de Nioro, le soutien en unités de transformation, en formation et en accompagnement financier des femmes de Kébémer, Darou Mousty, Kanel, Kayar et de la Casamance.
D’autres préoccupations de vos Commissaires ont porté sur le relèvement du congé de maternité à 6 mois, la décentralisation de la journée du 8 mars, la prise en compte du financement des femmes dans le budget des communes, le soutien aux centres pour les personnes en situation de handicap et la décentralisation de « Keur Jiggeen gni ».
En outre, il a été sollicité l’ouverture de savonnerie et la formation des femmes du département de Kédougou, l’appui aux femmes du département de Dagana, ainsi qu’une de la Ministre au centre de formation des personnes en situation de handicap de Ouakam.,
Par ailleurs, la Ministre a été interpellée sur la gestion du financement, au niveau de Touba, d’un montant de 275 000 000 FCFA remis au CEDAF de Mbacké.
Sur un autre point, vos Commissaires ont souligné le taux élevé de divorce et la nécessité d’une sensibilisation des femmes notamment sur l’importance de disposer d’un certificat de mariage. Ils ont ainsi demandé un soutien en faveur des femmes divorcées pour la prise en charge de leurs enfants et une assistance aux femmes victimes de « Taaku Suuf ».
En outre, ils ont demandé la prise des mesures pour lutter contre le gaspillage dans les cérémonies familiales, surtout les mariages et baptêmes.
Vos Commissaires ont aussi demandé la subvention du traitement du cancer du sein et de la maladie de l’insuffisance rénale, ainsi que des mesures de lutte contre le dépistage.
D’autres préoccupations de vos Commissaires ont trait à :
- -la mise en place de banques de développement pour repenser le système financier et le renforcement de l’entreprenariat féminin à travers la formation et l’accompagnement financier ;
- -la réhabilitation et l’équipement de la maison « Keur Mantoulaye ».
- - L’élaboration d’un projet de loi contre le refus de paternité, et la révision du Code de la Famille ;
- -l’assistance psychologique aux femmes ;
- -la création d’un Fonds d’aide sociale aux femmes de la Diaspora ainsi que la mise en place d’un Bureau économique à Abidjan
- -la part de financement réservé aux femmes de la diaspora centrafricaine ;
- - au renforcement des clubs de jeunes filles et à la mise à disposition de serviettes hygiéniques au profit des filles en milieu scolaire.
Sur un autre registre, vos Commissaires ont appelé à la démultiplication des Cases des Tout-Petits (CTP) ainsi qu’à la création de crèches communautaires pour les femmes à revenu moyen. Ils ont aussi sollicité le soutien des cases et garderies d’enfants. À ce niveau l’inondation récurrente de la case des tout-petits de Guinaw-Rail a été signalée.
Vos Commissaires ont aussi déploré la mendicité et l’errance des enfants, les mutilations génitales féminines ainsi que les mariages et grossesses précoces en milieu scolaire/
Vos Commissaires ont aussi plaidé le soutien des cases et garderies d’enfants notamment, la Case des Tout-Petits (CTP) de Mbour, tout en souhaitant la construction de nouvelles CPT à Ziguinchor et d’une autre à Gniby, ainsi que la finalisation des travaux des CTP de Ndiafate et de Koutal.
En outre, ils ont demandé un soutien aux daara notamment par l’octroi de subventions et de vivres. À ce propos, il a été sollicité la mise en place de daara modernes Kaolack. De même, il a été sollicité l’appui aux daara de Ross Béthio et à la pouponnière Lamine Coulibaly de Bongré à Kaolack.
En fin, vos Commissaires ont plaidé l’assistance aux enfants en conflit avec la loi et aux enfants en danger, comme les déficients mentaux.
Madame la Ministre fera noter que dans le programme Enfance, la protection des enfants et le développement intégré de la petite enfance sont en bonne place. D’ailleurs dans les problématiques dudit programme, le phénomène des enfants dans la rue ou en situation difficile est abordé. Ainsi, dira-t-elle, une politique hardie est mise en œuvre pour le retrait des enfants de la rue.
Selon elle, des incompréhensions ont été notées au début de la politique de retrait des enfants de la rue. En effet, des marabouts ou Serignes daara avaient considéré que cette politique était orientée vers les talibés. Or, tous les enfants de la rue ne sont pas des talibés. Elle a aussi tenu à faire noter qu’il y a, de plus en plus dans les rues de Dakar, des familles entières de mendiant. D’ailleurs, ce retrait a permis de récupérer beaucoup d’enfants dont la majeure partie n’est pas du Sénégal. Ainsi, en collaboration avec le ministère des Affaires étrangères et des ambassades concernées, des actions ont été menées pour permettre à ces enfants de retrouver leurs familles respectives.
Cette opération a connu des réussites même si parmi les enfants retirés de la rue, il y en a dont on ne connait pas réellement leurs familles d’origine. Leur prise en charge est assurée par l’État. Ils sont une cinquantaine et sont logés au niveau du centre Guindi avec tout ce que cela comporte comme budget en termes d’entretien, de nourriture, etc. Sur ce, elle a exhorté les différents partenaires de ce projet de retrait des enfants de la rue à accomplir tous les actes nécessaires afin de faciliter le retour de ces enfants dans leurs familles respectives.
Par ailleurs, un constat fait est celui de la satisfaction des proches, notamment à leur retour dans leurs familles d’origine. À cet effet, elle rassurera vos Commissaires de la pérennisation de ces actions.
En outre, elle mettra en exergue deux (2) aspects correspondant aux volets de cette politique : le retrait et l’après-retrait. Elle dira que ça ne sert à rien, si on retire ces enfants de la rue et qu’après on n’est pas en mesure de les remettre à leurs familles d’origine et c’est d’ailleurs la raison du recul observé dans le cadre de ce programme. Son département réfléchit sur les voies et moyens à mettre en place tout en réaffirmant la nécessité de trouver l’approche adéquate à adopter.
Madame la Ministre a aussi informé que son département a entamé des discussions avec les « Serigne daras ». Celles-ci ont permis d’appréhender les différentes caractéristiques des daaras. Toutefois, jusqu’à présent il n’y a pas de profil spécifique d’un daara, sans compter l’absence de cartographie précise des daaras, fera-t-elle noter.
Justement, à propos de la cartographie des daaras elle ajoutera que des discussions sont en cours avec le Ministère de l’Éducation nationale, notamment sa direction en charge des daaras, pour diligenter une enquête nationale devant aboutir à une cartographie exhaustive des daaras. Celle-ci permettrait aux enfants dans la rue de retrouver leur daara d’origine si celui-ci a le statut de talibé, bien sûr.
Madame la Ministre a aussi révélé que le profilage des daaras et des talibés sera étudié dans le cadre de cette collaboration entre le Ministère de la Femme, de la Famille, et de la Protection des Enfants et le Ministère de l’Éducation nationale. Toutefois, elle a tenu à préciser que le programme de retrait des enfants de la rue n’a pas été initié pour repenser les daaras car un daara a un modèle spécifique.
Madame le Ministre précisera que les deux chantiers phares de son département sont relatifs à la cartographie des daaras et des organisations de femmes qui nous permettent d’avoir des bases claires pour formuler des politiques pouvant impacter positivement les femmes et les Daaras, notamment.
Sur la question relative aux violences basées sur le genre (VBG), elle dira qu’il s’agit de violences orientées vers les femmes tout en relevant que la notion de violences faites aux femmes est plus usitée dans notre pays. Elle a aussi déploré la recrudescence des actes féminicides, tout en rassurant du soutien et de l’assistance de son département envers ces femmes.
Aussi, a-t-elle informé de la mise en place d’un numéro vert pour dénoncer les violences faites aux femmes. Ce numéro, à savoir le 116, était en réalité dédié aux enfants. Toutefois, compte tenu de la faible activité remarquée sur celui-ci, il a été retenu d’élargir son champ d’action pour prendre en charge toute la famille, tout en précisant qu’une campagne de communication sera effectuée à cet effet, pour permettre à toute femme, quand bien même qu’elle serait à Kédougou d’alerter les services compétents quand son intégrité physique est menacée, grâce à ce numéro vert.
Quant à la plateforme de signalement, elle sera lancée dans les jours à venir. Les opératrices sont recrutées et seront formées pour recevoir tous les appels venant de tous les coins du Sénégal en cas de menace. S’ajoute à cela, un dispositif qui est en train d’être mis en place pour faire un suivi après l’appel en mettant à contribution les 3.000 bajanu gox qui seront formées et capacitées à la prise en charge de la femme victime de violence, en attendant d’activer les autres dispositifs. Ainsi avec ce schéma, dira-t-elle, des vies pourront être sauvées.
Par ailleurs, elle a relevé qu’il y a beaucoup de politiques en faveur des enfants que le Sénégal a du mal à appliquer parce que tout simplement, la manière dont l’enfant est décrit à l’étranger est différente de celle de notre pays.
À propos des statistiques relatives aux violences faites aux enfants, la Ministre dira que les chiffres avancés par les bailleurs ne sont pas généralement homologués par son département. Ces derniers font des enquêtes suivant des méthodes et techniques qui leur sont spécifiques puis viennent mettre les données à notre disposition. Ce qui ne peut prospérer, dira-t-elle. Selon Madame la Ministre, le Sénégal dispose d’un outil d’enquête, en l’occurrence l’Agence Nationale de la Statistique et de la Démographie (ANSD) qui sort des statistiques officielles.
Dans ce cadre de l’homologation des données, elle informera que des discussions ont été entamées en partenariat avec l’UNICEF, sur les modalités, méthodes, concepts et définitions d’enquête afin d’harmoniser les statistiques futures qui seront issues des différentes enquêtes. De plus, elle précisera que ce sont des enquêtes qui viennent des bailleurs. Elle a conclu sur ce sujet en rappelant que le pourcentage 8 enfants sur 10 sont violentés au Sénégal ne saurait être homologué.
Sur la Protection de l’enfance, elle a fait noter qu’un budget de 15 milliards lui est alloué. Ce qui démontre la volonté de son département de faire de la protection de l’enfance une priorité, a-t-elle ajouté. Elle est également revenue sur le budget de 11 milliards FCFA alloué au programme Famille, en faisant noter que les problématiques qui la constituent sont nombreuses. En effet, on y retrouve les violences faites aux femmes, la prise en charge des couches vulnérables, des personnes à mobilité réduite, la problématique des détenues au niveau des établissements pénitentiaires.
Abordant l’autonomisation des femmes, Madame la Ministre dira que même si le montant de 2 milliards alloué à ce programme est jugé faible, il n’en demeure pas moins que les femmes de ménage font partie des couches vulnérables, ainsi que les personnes à mobilité réduite. Donc étape par étape ce programme pourra prendre en charge un certain nombre de préoccupations.
L’objectif de ce programme, précisera-t-elle, n’est pas seulement de financer la femme, mais aussi de la préparer à recevoir ces financements, en s’appuyant sur des outils qui existent pour qu’elles puissent prendre le relais. En effet, si on se mettait à financer à tout va, cela aurait dominé les autres aspects qui sont aussi importants comme la protection des enfants, les droits des femmes, a-t-elle ajouté.
Elle a conclu sur cet aspect en faisant noter que la faiblesse du montant alloué au programme dédié à l’Autonomisation des femmes est tempérée à travers la DER sur qui son département pourra compter pour compléter son financement et préparer les femmes en les orientant vers le FONGIP ou tout autre instrument adéquat.
Relativement aux projets et programmes au bénéfice des détenus, elle précisera que d’ici décembre, des actes seront posés envers ces détenus qui font partie des couches vulnérables.
Pour ce qui est du volet Formation, la Ministre a appelé à une approche inclusive pour une synergie autour de son ministère avec le soutien des outils dédiés à la formation, notamment le 3FPT, l’Office National de la Formation Professionnelle.
Au titre de l’équité dans le cadre du financement, elle rassurera vos Commissaires en précisant que toutes les couches seront représentées et associées aux activités et aux financements du ministère. Sur ce point, elle précisera que dès son accession à la tête de ce département ministériel, elle s’est informée sur la base de travail du ministère avant de se rapprocher des services de l’Agence Nationale de la Statistique et de la Démographie pour commanditer une enquête nationale permettant de recenser les organisations de femmes, qu’elles soient formelles ou informelles et dans tous les secteurs d’activités. Les résultats serviront de base de travail ainsi que de données.
Cette enquête permettra de répertorier les besoins des femmes puis il y aura les assises de l’entreprenariat féminin ; d’où l’importance de procéder à une évaluation. En effet, le financement destiné aux femmes est considéré par certaines personnes comme n’étant pas orienté aux véritables destinataires et que le mode de financement n’était pas adéquat, tandis que d’autres mettent en avant l’insolvabilité des débitrices.
À cet égard, elle ajoutera que depuis des années d’importantes sommes d’argent ont été mobilisées à l’endroit des femmes. Il est opportun de procéder à son évaluation, tout en mettant en exergue l’évolution des besoins des femmes et l’impact du financement de ces dernières dans les domaines de l’Agriculture, de l’Élevage, de la transformation des produits halieutiques à travers la mise en place de commissions.
Madame la Ministre dira aussi ne pas exclure des descentes sur le terrain pour aller à la rencontre des femmes et s’enquérir de leur situation et mieux appréhender leurs besoins réels. Concluant sur cette évaluation, elle a précisé que l’Agence nationale de la Statistique et de la Démographie est en train de stabiliser les termes de références de cette enquête nationale et d’ici maximum 2 mois le tour du Sénégal sera effectué afin d’identifier les organisations de femmes, dira-t-elle.
Madame la Ministre, tout en mettant en avant des statistiques de l’ANSD qui portent à 25.000 alors qu’il y en a plus d’une centaine actuellement, a insisté sur la nécessité de procéder au renouvellement des instances.
Relativement aux besoins des jeunes filles, elle dira que des mesures seront prises en collaboration avec les Bajanu gox pour venir en aide ces dernières au niveau des collèges et lycées dans le cadre d’une dotation en serviettes hygiéniques. En effet, rappellera-t-elle, une bonne hygiène menstruelle contribue à l’épanouissement des jeunes filles dans leur environnement scolaire et est une source de réussite.
S’agissant des couches vulnérables, notamment les personnes à mobilité réduite, elle dira qu’un programme sera initié pour mieux les toucher ainsi que les enfants en situation de handicap. D’ailleurs le Gouvernement est en train de réfléchir à la mise en place d’établissements spécialisés dans leur prise en charge à l’image du Centre Guindi dont la réfection est prévue pour qu’il puisse répondre aux normes d’accueil.
En concluant son propos, elle a félicité vos Commissaires pour leur imprégnation des problèmes et enjeux liés à son département. Elle dira également avoir pris bonne note de leurs suggestions pertinentes et préoccupations spécifiques.
À sa suite, le Ministre des Finances et du Budget a indiqué avoir pris bonne note des plaidoiries de vos Commissaires.
Concernant le plaidoyer relatif à l’augmentation du budget du Ministère de la Femme, de la Famille et de la Protection des Enfants, il dira qu’il a bien noté les différentes préoccupations et doléances de vos Commissaires. Il a ainsi précisé que ce département a bénéficié d’une attention toute particulière dans le projet de loi de finances 2023 avec une variation positive de 4 673 390 065 FCFA en valeur absolue et 17,89% en valeur relative.
Sous ce rapport, il a retracé les efforts importants consentis par l’État, notamment sur ressources internes. Ainsi, il a été noté le relèvement de 200 millions FCFA du Fonds de Promotion de l’Entreprenariat féminin qui passe à 700 millions FCFA et la hausse de 200 millions FCFA du Fonds national de crédit pour les femmes ; lequel passe également à 700 millions FCFA, soit une dotation globale de 1,4 milliard FCFA pour les fonds de financement de ce département.
Concernant le Programme Investir dans les Premières Années pour le Développement Humain au Sénégal (PIPADHS), il dira qu’il s’agit d’une très importante opération d’investissement financée par la Banque mondiale. Il relèvera aussi la hausse substantielle de sa dotation qui passe de 6 milliards FCFA en 2022 à 10,7 milliards FCFA en 2023.
Parmi les projets et programmes ayant bénéficié également de renforcement de leurs crédits, figure le Projet d'Alphabétisation et d'Apprentissage de Métiers pour la lutte contre la Pauvreté qui est dans sa phase 2 (PALAM 2). Il est cofinancé avec la Banque Islamique de Développement (BID). Sa dotation passe de 3,8 milliards FCFA à 5,4 milliards FCFA.
Par ailleurs, le Ministre des Finances et du Budget a porté à la connaissance de vos Commissaires qu’un montant plus de 36 milliards FCFA de ressources sont concentrées dans plusieurs fonds et lignes de financement logés dans d’autres départements et destinés également à soutenir les activités des femmes. Il citera entre autres la DER/FJ avec une dotation de 20, 8 milliards FCFA, le Projet d'appui à la valorisation des initiatives entrepreneuriales (PAVIE) doté de 1,5 milliard FCFA. En outre, il fera état du Fonds national de la Microfinance (FONAMIF) doté d’1 milliard FCFA tout comme le Fonds d'appui à l'économie sociale et solidaire (FAESS). Quant au Programme de contraste à la migration illégale à travers l'appui au secteur privé (PLASEPRI II), il est doté de 2,7 milliards FCFA. Le Fonds d’Appui à l’Investissement des Sénégalais de l’Extérieur (FAISE) et le Fonds de crédits des femmes de la diaspora ont un montant global de 950 millions FCFA.
En définitive, à côté des instruments proposés par le Ministère en charge de la femme, il y a plusieurs autres mécanismes qui permettent d’accompagner les femmes dans leurs activités de production, dira-t-il.
Pour ce qui concerne le développement intégré de la petite enfance et la dotation de l’Agence Nationale de la petite Enfance et de la Case des Tout Petits (ANPECTP), Monsieur le Ministre a informé que l’Etat va poursuivre ses efforts d’accompagnement et de renforcement des structures de ce sous-secteur. Ainsi, en 2023, l’ANPECTP bénéficiera d’une dotation de 2,658 milliards FCFA dont 1,658 milliard FCFA pour son fonctionnement et 1 milliard pour la construction, l’équipement et la réhabilitation de cases des tout-petits. Le Programme Investir dans les Premières Années pour le Développement Humain au Sénégal, dans sa composante 2, « apprentissage précoce de qualité », sera doté d’environ 12 milliards FCFA. Il est également prévu la construction de 34 cases des tout-petits et la réhabilitation des structures qui s’activent dans le domaine de la petite enfance.
Sur la problématique du retrait des enfants dans la rue, ainsi que leur prise en charge sur le plan budgétaire, il dira que des crédits de 325 millions FCFA ont été accordés au projet de retrait et de réinsertion socio-économique des enfants en situation de rue. Cette dotation a été renforcée par celle de 296,2 millions FCFA du Centre d’accueil NGINDI qui prend en charge les enfants retirés de la rue.
À cela s’ajoute le projet de modernisation et d’appui aux daaras avec des dotations annuelles aux daaras d'un montant de 426 millions FCFA, l’allocation de la Direction de l’Éducation surveillée et la Protection sociale d’un montant de 628,8 milliards FCFA ainsi que les dotations pour les centres de sauvegarde, les services de l’action éducative et les centres polyvalents pour un montant global de 865,8 millions FCFA.
Toutes ces actions concourent à la prise en charge des enfants en difficulté. Cependant, Monsieur le Ministre des Finances et du Budget notera qu’il faudrait encore renforcer les efforts budgétaires puisque les enfants constituent l’avenir du pays et l’Etat a le devoir de les protéger.
Il a terminé son propos en précisant qu’au regard des nombreuses sollicitations de vos Commissaires relatives à l’achèvement de construction de cases des tout-petits, il demandera à ses services compétents de réfléchir à la programmation d’une dotation spéciale destinée à l’achèvement de toutes les infrastructures en cours de construction.
Satisfaits des réponses apportées par les Ministres, vos Commissaires ont adopté, à la majorité, les différents programmes du projet de budget 2023 du Ministère de la Femme, de la Famille et de la Protection des Enfants. Ils vous demandent d’en faire autant, s’il ne soulève, de votre part, aucune objection majeure.