république du Sénégal
assemblée Nationale


Rapport de la commission relatif à l’examen du Projet de Budget 2023 du Ministère de la Microfinance et de l’Economie sociale et solidaire

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Monsieur le Président, 

Messieurs les Ministres, 

Chers Collègues, 

Au titre de l’année 2023, le projet de budget du Ministère de la Microfinance et de l’Économie sociale et solidaire est arrêté à 13 929 657 561 FCFA en autorisations d’engagement (AE) et en crédits de paiement (CP).

Par programme, ces crédits sont répartis ainsi qu’il suit : 

Programme 2102 : Promotion de la microfinance

Pour l’exercice 2023, les crédits alloués à ce programme s’élèvent à 11 577 815 169 FCFA en AE et en CP. 

Par nature économique de dépenses, ces crédits sont répartis comme suit : 

  • Dépenses de personnel : 20 080 000 FCFA en AE et en CP ;
  • Acquisition de biens et services : 57 179 350 FCFA en AE et en CP ; 
  • Transferts courants : 1 363 000 000 FCFA en AE et en CP ;
  • Investissements exécutés par l’État : 9 346 306 305 FCFA en AE et en CP ; 
  • Transferts en capital : 791 249 514 FCFA en AE et en CP. 

Programme 2118 : Promotion de l’économie sociale et solidaire (ESS)

Pour l’année 2023, les crédits attribués audit programme sont fixés à 1 277 494 039 FCFA en AE et en CP. 

Par nature économique de dépenses, ces crédits sont répartis comme suit : 

  • Dépenses de personnel : 62 896 000 FCFA en AE et en CP ; 
  • Acquisition de biens et services : 214 598 039 FCFA en AE et en CP ; 
  • Transferts courants : 1 000 000 000 FCFA

Programme 1569 : Pilotage, Coordination et Gestion administrative

Au titre de l’exercice 2023, les crédits alloués à ce programme -sont évalués à 1 074 348 353 FCFA en AE et en CP. 

Par nature économique de dépenses, ces crédits sont répartis comme suit : 

  • Dépenses de personnel : 282 616 152 FCFA en AE et en CP ;
  • Acquisition de biens et services : 686 775 701 FCFA en AE et en CP ;
  • Investissements exécutés par l’État : 104 956 500 FCFA

Votre Commission des Finances et du Contrôle budgétaire élargie à la Commission des Affaires économiques a examiné, en sa séance du jeudi 10 novembre 2022, le projet de budget 2023 du Ministère de la Microfinance et de l’Économie sociale et solidaire. 

Le Gouvernement était représenté par Madame Victorine Anquediche NDEYE, Ministre de la Microfinance et de l’Économie sociale et solidaire, Monsieur Moustapha BA, Ministre des Finances et du Budget et Monsieur Samba SY, Ministre du Travail, du Dialogue social et des Relations avec les Institutions, assistés par leurs principaux collaborateurs. 

Ouvrant la séance, Monsieur le Président a, d’abord, au nom de la Commission élargie, souhaité la bienvenue à Madame et Messieurs les Ministres ainsi qu’à leurs collaborateurs. Il a également félicité la Ministre suite à sa nomination à la tête de ce département important pour le développement du pays, tout en formulant à son endroit des vœux de succès franc dans cette nouvelle mission. 

Il a ensuite passé la parole à Monsieur Mady DANFAKHA, Président de la Commission des Affaires économiques qui, après ses mots de bienvenue, de félicitations et d’encouragements, a invité la Ministre à présenter le projet de budget 2023 de son département. 

À l’entame de son propos, la Ministre s’est réjouie de se retrouver devant la Représentation nationale, pour l’examen du projet de budget 2023 de son Département. Elle a, par ailleurs, fait le bilan de l’année 2021 et de celle 2022, en cours en faisant noter que des progrès notoires ont été faits dans le secteur de la Microfinance et de l’Économie sociale et solidaire. Abordant les perspectives, elle dira que le projet de budget 2023 de son département s’inscrit dans la poursuite de la mise en œuvre des projets majeurs du PAP 2A du PSE, notamment, le renforcement de capacités des agents à travers la mise en œuvre du plan de formation et la mise en œuvre d’un agenda législatif et réglementaire, l’élaboration de la stratégie nationale d’encouragement à la Responsabilité sociétale d’Entreprise (RSE) ainsi que la poursuite de l’accompagnement et de l’encadrement des acteurs de l’Économie sociale et solidaire (ESS), afin de favoriser l’entreprenariat domestique ainsi que le renforcement des capacités de transformation sur place des productions locales. Les différents points sont détaillés dans un document transmis à vos Commissaires par la Ministre.

Intervenant à leur tour, vos Commissaires ont félicité la Ministre pour la confiance que lui a accordée le Président de la République en lui confiant un département si stratégique pour le développement économique et social du pays. 

Ils ont, par la suite, formulé leurs préoccupations et suggestions qui, pour l’essentiel, tournent autour de ces points ci-après.

Vos Commissaires ont salué la pertinence de ce ministère qui permet, à travers ses différentes composantes, d’impulser une meilleure inclusion financière et sociale en participant au développement socio-économique des territoires. 

Cependant, ils ont relevé le chevauchement des missions de ce ministère avec celles d’autres départements ministériels. Dès lors, ils se sont interrogés sur l’existence d’une synergie d’actions entre les différents acteurs de l’État ayant tous la même cible et poursuivant le même objectif. Ils ont aussi interpellé la Ministre sur la terminologie de son ministère. 

Parallèlement, ils ont déploré la taille de ce ministère qui s’apparenterait à une Direction générale, regrettant, par ailleurs, la faiblesse des crédits qui lui sont alloués. À ce niveau, vos Commissaires ont relevé la problématique de l’arbitrage opéré dans la répartition des crédits. En effet, diront-ils, aussi faible que soit le budget de ce ministère, il est plus important que celui attribué à certains départements. 

Parallèlement, ils ont exprimé leur inquiétude quant à l’augmentation de 26 % des dépenses de personnel, et ce, nonobstant la faiblesse de l’allocation budgétaire. Ce qui traduit une tendance à privilégier les dépenses administratives aux dépens de celles d’investissement et d’intervention. 

Au titre de la microfinance, vos Commissaires ont considéré qu’elle peut être une réponse à toutes les dynamiques économiques, notamment en raison de ses potentialités en termes de création de niches nouvelles, pour booster notre croissance et renforcer l’écosystème de consommation et de petites activités ou économies. 

À cet égard, ils sont d’accord avec la Ministre sur l’impérieuse nécessité de stabiliser institutionnellement ce secteur, tout en renforçant le paradigme de la microfinance au Sénégal. À cette fin, ils lui ont demandé de les éclairer sur les modalités selon lesquelles son département entend définir et organiser cet écosystème de la microfinance. 

Au chapitre du financement, vos Commissaires ont salué les efforts importants consentis dans ce domaine, tout en souhaitant que la part qui lui est allouée soit augmentée afin d’élargir le champ d’intervention en direction des populations non encore touchées par le programme. 

Sous ce rapport, ils ont particulièrement sollicité le renforcement de la ligne budgétaire consacrée au Fonds National de la Microfinance (FONAMIF) et au Programme de la Microfinance Islamique. À cet égard, la Ministre a été interpellée sur le projet d’accompagnement des petites mutuelles de microfinance islamique par le Programme de développement de la Microfinance Islamique au Sénégal (PROMISE).   

Poursuivant leurs propos, certains Commissaires ont souligné le manque d’équité dans l’octroi des financements et ont déploré leur politisation, notamment en période de campagne électorale. Sur ce, ils se sont interrogés sur les critères qui président à l’octroi des financements. D’autres, en revanche, feront noter que l’octroi de ces financements se fait dans la plus grande transparence. 

En outre, tenant compte de l’importance des Systèmes Financiers Décentralisés (SFD) dans l’autonomisation des jeunes et surtout des femmes, vos Commissaires ont plaidé le renforcement substantiel des crédits qui leur sont dédiés.  

Aussi, ils ont jugé excessifs les taux d’intérêt pratiqués par ces institutions de microfinance, entraînant quelquefois de sérieuses difficultés de remboursement de la part des bénéficiaires. Dès lors, ils lui ont demandé si ces taux usuriers sont toujours pratiqués par les SFD, tout en s’interrogeant sur l’existence d’une législation relative aux mutuelles d’épargne et de crédit. Ils ont également demandé si le système de garanties institué par le PROMISE a permis de résoudre les difficultés liées notamment au remboursement de la part des groupements féminins. 

En outre, considérant que ces structures se trouvent au niveau des capitales régionales, vos Commissaires ont interpellé la Ministre sur les mesures prises par son département afin de les décentraliser pour plus de proximité avec les populations. De même, ils ont suggéré la bancarisation du financement en réduisant les taux de prêts, tout en déplorant la faiblesse des salaires des agents recrutés par ces mutuelles. 

Dans le même ordre d’idées, tenant compte des difficultés auxquelles les femmes sont souvent confrontées pour rembourser leurs prêts, vos Commissaires ont relevé la nécessité d’encadrer les femmes pour leur permettre de mieux tirer profit de leurs financements. 

Ainsi, ils ont invité la Ministre à mettre davantage l’accent sur la formation aux fins de leur assurer une certaine éducation financière. À ce titre, la Ministre a été interpellée sur le projet d’organisation des assises de la microfinance. Vos Commissaires ont également souhaité être renseignés sur le bilan d’activités du Fonds d’Impulsion de la Microfinance estimé à 1 milliard FCFA.

 Dans la même veine, il lui a été demandé le bilan d’activités du Fonds de garantie du financement des sociétés d’intensification de la production agricole (SIPA), du PROMISE et du Fonds National de la Microfinance (FONAMIF) ainsi que l’impact de ce dernier sur l’inclusion financière. Vos Commissaires ont également souhaité être édifiés sur les résultats obtenus par le programme relatif à la migration illégale.

Sur le même registre, considérant que beaucoup de localités n’ont pas encore bénéficié de financement, vos Commissaires ont souhaité que son département accorde des financements aux groupements des femmes des localités que sont Gossas, Fatick, Mbirkilane, Kébémer, Tivaouane, Thiès, Mbour et Kédougou. 

Toujours dans ce cadre, certains Commissaires ont sollicité du département l’appui à la mutuelle dénommée « DJOMEC », qui est aujourd’hui confrontée à des difficultés liées au non-remboursement des prêts contractés par les clients et sociétaires. 

De manière spécifique, dans la mesure où la région de Sédhiou est la plus pauvre du pays, certains Commissaires ont souhaité qu’elle bénéficie d’une discrimination positive, afin de tirer pleinement profit des activités de ce département. La Ministre a aussi été interpellée à la fois sur les mécanismes mis en place par son département et relatifs au financement des femmes de la diaspora ainsi que sur l’existence d’une ligne de crédits destinés à la diaspora. 

En revanche, aussi importante que soit la politique distributive, certains Commissaires ont émis quelques réserves quant à la soutenabilité d’une telle politique à long terme. À ce titre, ils ont invité à un changement de paradigme en structurant davantage ce secteur à travers la mise sur pied des unités de productions locales dédiées aux groupements féminins. Ils ont, dans la même optique, demandé à la Ministre de mener une évaluation exhaustive, aux fins de renseignement sur les résultats obtenus depuis le démarrage de ce programme. 

Au titre de l’économie sociale et solidaire, vos Commissaires ont salué le travail important que ce département est en train de mener dans ce domaine, tout en relevant l’importance même de ce sous-secteur dans le processus de l’inclusion sociale par le canal économique. 

Ils ont, cependant, souligné la méconnaissance par les populations de la quintessence de l’économie sociale et solidaire. À ce titre, ils ont interpellé la Ministre sur la stratégie élaborée par son département en vue de la vulgarisation de celle-ci. Ils ont, dans la même veine, invité la Ministre, à effectuer fréquemment des visites de terrain aux fins d’être en contact permanent avec les populations, et surtout à faire preuve d’équité dans la mise en œuvre des activités de son département. 

En outre, vos Commissaires ont considéré que l’organisation, à Dakar, du Forum Mondial sur l’Économie sociale et solidaire est une occasion importante pour promouvoir davantage ce sous-secteur. C’est pourquoi ils ont déploré l’omission d’un tel Forum dans le document de présentation de la Ministre, tout en l’invitant à une synergie d’actions avec la ville de Dakar pour la réussite éclatante de cet important évènement. 

À cette fin, l’attention du Ministre des Finances et du Budget a été attirée sur l’impérieuse nécessité de renforcer les crédits alloués à ce département.   

Sous ce même chapitre, vos Commissaires ont considéré que l’économie sociale et solidaire est un levier important susceptible, à travers ses différentes composantes, d’impulser l’inclusion sociale et financière des populations, la lutte contre le sous-emploi des jeunes, l’autonomisation économique des femmes et le renforcement des secteurs productifs.

 Ainsi donc, ils ont suggéré à la Ministre de travailler en synergie avec la Direction de l’Économie sociale au niveau de la mairie de Ziguinchor, tout en élargissant le champ d’action de son département, notamment à travers un appui aux femmes, aux jeunes et aux secteurs productifs. 

Sur ce, ils ont souhaité que ce département appuie matériellement les femmes de Gniby, Gossas, Mbour, Kédougou et Fatick dans leurs activités respectives, tout en sollicitant la mise en place d’un programme de financement pour la dotation de motos « Jakarta » aux jeunes de Gniby, Gossas, Pout et Keur Moussa.

 Il a été également demandé à la Ministre d’octroyer du matériel aux sauniers de Fatick. Parallèlement, vos Commissaires ont sollicité le soutien financier de ce département pour la réalisation du projet de création d’une École de l’économie sociale et solidaire à Kaolack. 

Toujours au titre des doléances, vos Commissaires ont attiré l’attention de la Ministre sur l’impérieuse nécessité de soutenir les jeunes atteints d’une maladie incurable, afin de contribuer à leur autonomisation, tout en l’invitant à travailler à faciliter l’accès au logement aux agents du secteur informel. 

Reprenant la parole, la Ministre s’est réjouie de l’intérêt que vos Commissaires attachent à son département. Elle les a également remerciés pour les félicitations ainsi que les vœux de succès formulés à son endroit. Elle a ensuite rassuré vos Commissaires quant à sa posture républicaine en affirmant que les programmes de son département seront mis en œuvre sous le prisme de l’équité, c’est-à-dire sans aucune considération partisane ou autres.

 Elle a, par la suite, donné réponses aux différentes interpellations de vos Commissaires. 

Sur l’assimilation de son département à une Direction générale, la Ministre dit ne pas être de cet avis. En effet, dira-t-elle, à titre d’illustration, ce ministère pour le compte de la Microfinance polarise un secteur qui compte environ 4 millions de clients, soit près de 10 fois la clientèle des institutions bancaires du pays. 

De plus, le secteur de la microfinance octroie près de 50 milliards de crédits par mois et offre l’accès à des services financiers aux populations à l’échelle nationale. 

Poursuivant, elle indiquera qu’à travers l’économie sociale et solidaire, selon la situation de référence de l’ANSD, le secteur compte 69 884 emplois permanents, 85 199 contrats à durée déterminée et 458 385 bénévoles ou membres mutualistes, démontrant ainsi la dimension transversale et l’importance de son département ministériel. 

Dans la même dynamique, la Ministre a rappelé que les organisations de l’économie sociale et solidaire, toujours selon la situation de référence de l’ANSD, ont contribué à hauteur de 255, 1 milliards FCFA en 2019, soit 1, 9 % du PIB. 

Au titre budgétaire, la Ministre s’est réjouie des plaidoyers de vos Commissaires en faveur de l’augmentation des crédits alloués à son département. Néanmoins, sans minorer l’importance de son budget, elle a tenu à préciser qu’un ministère n’est qu’un catalyseur et, à travers les SFD et les acteurs de l’Économie sociale et solidaire, l’objectif poursuivi est de créer les conditions adéquates pour avoir de l’impact dans le quotidien des populations. 

À ce niveau, elle a rappelé que le rôle de son ministère, à travers le programme « Promotion de la microfinance », ne consiste pas à se suppléer aux SFD ou à se livrer à une opération de distribution de fonds, mais plutôt à identifier les écueils que sont les taux d’intérêt élevés et l’absence de garantie qui rendent difficile l’accès des populations aux crédits. Cela permettra, par la suite, de prendre des mesures adéquates tendant à l’atténuation voire à l’éradication de ces contraintes afin de favoriser l’inclusion financière des populations. 

C’est en cela, dira-t-elle, que le Fonds d’Impulsion de la Microfinance, à travers une ligne de financement d’un (1) milliard FCFA destinée aux commerçants et tabliers de la région de Dakar, a permis, par la prise en charge de certains frais, de favoriser un accès aux crédits à un taux de 6%. 

En outre, la Ministre, revenant sur l’accès aux services financiers à toutes les populations, a tenu à rassurer vos commissaires sur la prise de mesures incitatives en vue d’un maillage territorial des SFD. 

À propos de l’économie sociale et solidaire, il s’agit, à travers l’approche basée sur la chaîne de valeur, de favoriser la formalisation avec l’accompagnement des acteurs du secteur qui sont constitués en coopératives, en Groupements d’Intérêt Economique (GIE) et même en Tontines à travers le modèle des calebasses. 

D’après la Ministre, l’économie sociale et solidaire existe depuis longtemps au Sénégal avec un relatif impact. Seulement, le défi majeur du moment est de la structurer afin de générer de l’activité à même de fixer les populations dans les terroirs. Pour y parvenir, il faut leur offrir un travail décent en les accompagnant aussi bien dans la formation que dans l’orientation, fera-t-elle noter. 

Réagissant à la problématique du financement soulevée par vos Commissaires, la Ministre a considéré qu’à l’analyse, le problème est davantage structurel que financier et ne peut être résolu qu’à travers le regroupement des acteurs en citant l’exemple de la mise en place de coopératives dans certaines filières. 

Relativement à la vulgarisation de l’économie sociale et solidaire, elle a rassuré vos Commissaires que son département compte s’y atteler dès l’année 2023, tout en rappelant que notre pays peut se vanter aujourd’hui de disposer d’une Loi d’orientation relative à l’économie sociale et solidaire votée en juin 2021. À ce propos, la Ministre a informé que de nouveaux décrets d’application seront adoptés après qu’un premier décret d’application soit déjà pris en mai dernier.

Par ailleurs, l’accès au financement des acteurs de l’ESS requiert, selon elle, l’accompagnement du ministère sans lequel l’impact escompté risque d’être faible. À cet égard, la Ministre a rappelé que la microfinance est un acteur de l’économie sociale et solidaire tout comme les SFD mutualistes, les coopératives et les groupements et que son département entend les accompagner.

 À ce niveau, elle n’a pas manqué de préciser que la vocation de son ministère est de remettre l’économie sociale et solidaire au cœur du dispositif en s’appuyant sur les SFD par rapport aux orientations de l’État et à la structuration des filières pour le rayonnement économique et social des territoires.  

Concernant le rôle des collectivités territoriales, dans la promotion de l’économie sociale et solidaire, elle indiquera qu’à travers la Loi d’orientation relative à l’économie sociale et solidaire, les collectivités territoriales disposent de prérogatives. Aussi, la Ministre est revenue sur l’encadrement de la Responsabilité sociétale d’entreprise (RSE), qui est une nouveauté dans le nouveau dispositif, en ce sens que même si la RSE n’est pas obligatoire, son département travaille sur une stratégie d’incitation. En effet, dira-t-elle, les collectivités territoriales où sont implantées les industries extractives doivent pouvoir tirer profit de la RSE. À cette fin, des Comités locaux seront mis sur pied afin que la RSE puisse être orientée vers des projets de développement qui intéressent véritablement la localité concernée. Le décret y afférent est déjà signé, a-t-elle ajouté. 

S’agissant des taux d’intérêt, elle dira qu’ils sont fixés et plafonnés par la BCEAO et que toute violation de la réglementation expose à une sanction. À ce propos, la Ministre est revenue sur les interventions de son département, notamment en termes de prise en charge de certains frais et la mise à disposition de lignes de refinancements pour permettre un meilleur accès aux crédits. 

Par rapport à la formation, elle indiquera qu’elle constitue un préalable avant tout financement. Elle concerne aussi bien la gestion que la spécificité de chaque zone en termes de potentialités. 

Au sujet de la mutuelle d’épargne et de crédit dénommé « DJOMEC », la Ministre a informé qu’elle a bénéficié d’un refinancement de 130 millions FCFA de la part de la Plateforme d’Appui au Secteur Privé et à la Valorisation de la Diaspora Sénégalaise en Italie (PLASEPRI), tout en précisant que la FONAMIF est en train de mettre en place un financement au bénéfice des acteurs de l’économie sociale et solidaire. 

En ce qui concerne la territorialisation de l’accès au financement et à l’encadrement, elle a rassuré vos Commissaires que son département ambitionne d’y travailler sérieusement en ciblant les zones à très fort potentiel. D’ailleurs, dira-t-elle que n’eut été la session budgétaire, ses services allaient déjà s’y employer. 

Au titre du PROMISE, en sus des unités de productions sollicitées par vos Commissaires, la Ministre a informé de la disponibilité de 10 batteries avicoles financées à hauteur de 50 millions FCFA l’unité pour la phase I.  Chaque batterie va générer 20 emplois directs, a-t-elle fait entendre. Quant à l’élargissement de ce programme, elle dira prendre bonne note. 

Concernant le Forum sur l’économie sociale et solidaire, la Ministre a rassuré vos Commissaires que, malgré le fait qu’il ne soit pas mentionné dans le document de présentation, son département travaille sans relâche et en parfaite intelligence avec la ville de Dakar pour une totale réussite de ce grand évènement. 

Sur l’intégration du genre dans le cadre du financement, elle dira qu’elle répond au souci de prendre en compte les réalités sociales auxquelles peuvent être confrontées les femmes au moment des échéances. 

Pour la diaspora, elle indiquera que le financement est assuré par la PLASEPRI avec la coopération italienne et s’est engagée à fournir à vos Commissaires toutes les informations relatives notamment aux conditions d’accès.  

Prenant la parole à son tour, le Ministre des Finances et du Budget est revenu sur la cohérence d’ensemble dans l’allocation des crédits. En effet, par rapport à la présente thématique, il a évoqué les cinq catégories de fonds suivants. Il s’agit des Fonds dédiés à la diaspora (Fonds d’appui à l’investissement des Sénégalais de l’Extérieur et Fonds crédit-diaspora), des Fonds dédiés à la promotion économique des Femmes (Fonds national de crédits femmes et le fonds national de promotion de l’entreprenariat féminin), des Fonds d’accompagnement de certaines activités du secteur (Fonds d’Appui à la Stabulation pour l’appui à la promotion de l’élevage), du Fonds National d’Appui aux Petites et Moyennes Entreprises et Moyennes Industries (FONAP) et la Délégation à l’Entreprenariat Rapide des Femmes et des Jeunes (DER FJ) ainsi que des Fonds de contribution au financement des SFD (PROMISE, PLASEPRI, FONAMIF et Fonds d’Impulsion à la Microfinance ( FIMF).

Par ailleurs, le Ministre a attiré l’attention de vos Commissaires sur la nécessité de dissocier la réglementation et la supervision des SFD, de la promotion de la microfinance. C’est ce qui justifie que le Ministère des Finances et du Budget s’occupe de cette réglementation en collaboration avec la Direction générale du Secteur financier et de la Compétitivité qui a, en son sein, une Direction dédiée à celle-ci, précisera le Ministre. 

En outre, il a fait noter que la lettre de développement de la Microfinance et de l’Économie sociale et solidaire est l’œuvre conjointe de son département et de cette Direction précitée.

Par rapport au taux d’usure, le Ministre a informé qu’aux termes de la réglementation, il est de 24 % pour les institutions de microfinance. À cet égard, les études qui ont été réalisées démontrent que les charges financières expliquent pour 37, 5 % le taux de sortie.

Au titre des mesures prises pour la réduction des taux d’intérêt élevés, il a rappelé que, dans le cadre de la Concertation sur la vie chère, il a même été envisagé la possibilité de l’accès des SFD aux guichets de refinancement de la Banque Centrale. Ce qui permettrait d’alléger les taux de sortie, d’autant plus que le coût du risque de ces derniers est très élevé en raison de la spécificité des domaines concernés, a-t-il fait entendre.

Aussi, dira-t-il que la réduction des coûts de gestion des structures s’inscrit dans la même dynamique. À ce propos, le Ministre a rappelé que la mutuelle d’épargne et de crédit de « DJOMEC » connaît, depuis quelques années, des problèmes de trésorerie et de fonctionnement des organes. À ce propos, il a informé d’une mission récemment effectuée par l’Inspection des Finances aux fins de renseigner véritablement sur la situation de cette structure.

Il a, en outre, rassuré vos Commissaires en demandant au Directeur général du Secteur financier et de la Compétitivité de partager les résultats d’une telle mission avec son département afin de prendre les mesures correctrices appropriées.

Relativement à l’augmentation des dépenses de personnel soulevée par vos Commissaires, le Ministre a précisé que les dépenses de personnel du ministère ont augmenté de 12 % en termes de variation, au lieu de 26 %. Si l’on prend en compte le poids des dépenses dans le budget du département, poursuivra-t-il, la progression n’est que 38, 7 millions FCFA, sur une augmentation du budget d’environ 1, 5 milliards FCFA.

De même, il indiquera que le poids de ces dépenses de personnel dans le budget est de 2,6 %, tandis que les dépenses d’intervention s’élèvent à 97, 6 % de ce budget.

S’agissant du Forum mondial sur l’économie sociale et solidaire, le Ministre a informé que toutes les dispositions sont prises par son département afin que cet important évènement connaisse un succès éclatant.

Suite aux réponses apportées par les Ministres, vos Commissaires ont adopté, à la majorité, les différents programmes du projet de budget 2023 du Ministère de la Microfinance et de l’Économie sociale et solidaire.  Ils vous demandent d’en faire autant, s’il ne soulève de votre part, aucune objection majeure.